Aurore Ponsonnet
Petite leçon de français : l'impératif

« Viens ! » ; « Approche-toi ! » ; « Dites-moi tout ! » ; « Allons-y ! » ; « Suivez cette voiture ! »
C’est le mode ? IMPÉRATIF (oui, je crie) !
1. On l’utilise pour : un ordre, un conseil, une suggestion, une interdiction, une prière.
2. On ne le conjugue qu’à trois personnes (toi, nous, vous).
Exemples :
a. Prendre : prends ; prenons ; prenez.
b. Dormir : dors ; dormons ; dormez.
c. Grandir : grandis ; grandissons ; grandissez.
3. Le verbe n’a pas de sujet.
> « Tu chantes » : indicatif ; « Chante » : impératif.
> « Nous allons chanter » : indicatif ; « Allons chanter » : impératif.
À la 2e pers. du sing., il y a deux terminaisons possibles :
- E (1er groupe et quelques autres verbes irréguliers du 3e groupe)
- S (2e et 3e groupes)
Ah, et une fois un A (va).
La conjugaison de la 2e personne du singulier de l'impératif est finalement calquée sur la 1re personne du singulier de l'indicatif.
Observez :
Présent de l'indicatif (1re personne) : je chante, je mets, je finis, j'écoute, je cueille, je fais, je grandis, j'apprends, je résous, je convaincs, j'ouvre.
Présent de l'impératif (2e personne) : chante, mets, finis, écoute, cueille, fais, grandis, apprends, résous, convaincs, ouvre.
Exemples :
a. Chante, danse et mets tes baskets !
b. Va voir là-bas si j’y suis.
c. Sache que je te kiffe !
d. Finis ton goûter et prends ton manteau.
Verbes irréguliers :
a. Être : sois, soyons, soyez.
b. Avoir : aie, ayons, ayez.
c. Savoir : sache, sachons, sachez.
d. Aller : va, allons, allez.
On écrit « Regarde ! Le petit oiseau va sortir », mais « Tu regardes par ici ». Pourtant, les deux sont conjugués à la 2e personne du singulier ! Mais pas au même mode.
Figurez-vous qu’à une certaine époque, la présence du s était fluctuante à l’impératif.
On trouvait tantôt « penses à moi (comme je t’aime) », tantôt « pense à moi ».
À la Renaissance : stop ! On choisit :
Le s disparaît à l’impératif (enfin, pour les verbes qui se terminent par e ou a seulement, sinon, ce n'est pas drôle) (ex. : va, aie, cueille, sache, mais prends, cours, jouis).
4. Le pronom attaché au verbe :
Mais que faire quand un pronom complément suit le verbe ? Hein ? D'abord, on les relie par un trait d'union. Et ensuite, regardez plutôt :
a. Regarde > regarde-moi.
b. Demande > demande-le-lui.
c. Parle > parle-lui.
d. Sache > sache-le.
...
e. Va > vaS-y.
f. Aie > aieS-en.
g. Parle > parleS-en.
Mais pourquoooooooiiiii ?
Eh bien pour l’EUPHONIE (harmonie de sons agréablement combinés).
Ce s qu’on mettait avant nous arrangeait bien pour la liaison !
D’ailleurs, avec les autres verbes, il nous arrange bien : finiS-en, prendS-en, soiS-en certain, courS-y.
Mais pas : va-y, donne-en, parle-en...
Alors ? À l’impératif, on enlève le s après le e et le a... sauf s’ils sont suivis des pronoms « en » et « y » : vas-y, donnes-en, parles-en. (En vrai, on a laissé le s qui nous arrangeait bien)
5. Dernières subtilités :
Parfois, le « en » n’est pas un pronom, mais une préposition, et là, pas de trait d’union, pas de liaison :
> File [en Italie] et rapporte-moi une gondole.
Parfois, le « en » est un pronom, mais relié à un autre verbe (à l’infinitif).
> File [en parler] à ton cheval.
Parfois, le « y » est relié à un autre verbe aussi.
Va [y casser] des noix. (= casser des noix où ?)
Va [y penser] dans un coin. (= penser à quoi ?)
On pourrait aussi écrire (et dire) :
Vas-y casser des noix.
Mais c'est moins évident. Cela signifierait que « y » complète « aller ». ( = aller quelque part casser des noix)
C'est compris ?